BG - Syrielle

Le soleil brille, il m’éblouit. Etrange sensation qu’est le réveil ces picotements dans cette chair qui est mienne à présent, ils me font sourire. La brise du matin me caresse elle est douce tout comme ce tissu que l'on nomme velours, je frissonne. Je connais ce vent, cet air qui amène souvent avec lui le parfum de Telera selon les matins et les lieux il change parfois franc et boisé tantôt enivrant et fleuri ou alors ce même vent devient involontairement le messager de la mort avec son odeur de pourriture âcre. Mes cheveux fins me chatouillent la nuque ce qui me provoque un autre frisson est-ce ça être en vie pour eux ? Sentir ce corps, cette chair réagir. La terre m’offre un asile un lit douillet d’herbe fraiche et de mousse encore intacte en sera-t-il encore ainsi ce soir ?

Mes premiers pas en ville m'ont fait penser à une fourmilière dans laquelle on aurait donné un coup de pied, désordonnée... J'ai déjà observé, mais là c'était différent. J'aime regarder les gens les écouter, eux ne me voient pas ils sont trop occupés. J'observe leurs réactions, les expressions de leurs visages, j'apprends. Un sourire, j'aime cette expression l'âme se dévoile quand il est sincère, parfois les gens se cachent derrière pourquoi ?
Je ne sais pas encore. Parfois le visage sourit, mais la pensée et le regard n'accompagnent pas cette expression si belle à son origine. Pourquoi ?

Mes pas me guident sous les arches et je m'enfonce lentement dans un couloir il y a un brouhaha assourdissant à la sortie de cette sorte de tunnel sans fin. Tout à coup la lumière tamisée se fait plus vive et je m'arrête en plein milieu de l'immense manufacture.
A ma droite, les forges crachent le feu, les marteaux s'abattent sur le métal avec force. Plus loin des établis où des hommes et des femmes taillent des gemmes et des pierres précieuses, plus loin c'est le bois qui est façonné, travaillé, poli.
Je me fais bousculer à de nombreuses reprises, un jeune garçon semble être chargé comme un animal portant de lourds paniers remplis de tissu pour alimenter l'énorme machine qui sort et enroule sans interruption des rouleaux de fibre de différentes qualités utilisée par les tailleurs.
Un peu plus loin c'est l'odeur du cuir tanné qui sèche lentement que je sens. Le parfum des fleurs se mêle à tout cela lourd, concentré, trop fort et puissant qui m'est impossible de reconnaitre toutes les effluves pour mettre des noms sur chaque. Je suis dans ce qui semble être le centre névralgique de leur création.

Je lève légèrement les yeux, quelque chose ou plutôt quelqu'un attire mon regard. Il est assis là sur les caisses je ne sais pas pourquoi, mais je reconnais ce regard ou plutôt cette façon d'observer. Il fait pareil que moi mais comme les autres pour le moment il ne m'a pas vue. Il est différent... Je le sens.
Il y a comme un tintement, un signal en moi un besoin. Mon corps réagit à la vue je ne sais pas mettre des mots sur ses sensations nouvelles. Qu'en sera-t-il quand il me parlera ? Me touchera ?
Est-ce cela que l'on nomme curiosité..? Peut être qu'il m'a attirée jusqu'ici, il ne le sait pas encore, il ne sait pas qui je suis il ne sait même pas que j'existe pourtant il m'attend.

Bientôt... très bientôt