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Xel le fataliste

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Message  Xel Sam 26 Mar - 12:57

Ils tenaient bon sous l'assaut - au point qu'il commençait même à penser que contre toute attente ils allaient s'en sortir.
Sa lame ruisselait de sang, son bouclier cabossé encaissait sans broncher les piètres tentatives de leurs adversaires de trouver une faille dans leur défense - l'adrénaline qui coulait dans son sang maintenait son attention à son point culminant, si bien qu'un rire de pure folie lui échappait parfois, image vivante d'un Chef de guerre tout-puissant et invulnérable.
Peu à peu, les assauts se faisaient plus rares, moins nombreux. Ils n'avaient pas cédé un pouce de terrain, et quand ils entendirent sonner la retraite chez leurs adversaires, ils poussèrent un cri de joie intense, à l'unisson - une fois de plus, ils avaient réussi à protéger le pont, déjouant tous les pronostics. Une fois de plus.
Peu à peu, la tension qui l'avait maintenu le quittait, et il commença à ressentir les courbatures désormais habituelles au niveau de ses épaules malmenées, et la brûlure des estafilades qu'il avait récoltées au cours de cette nouvelle bataille. Un rapide coup d'oeil à ses compagnons le rasséréna - ils étaient tous là. Ses deux compagnons de front entrechoquèrent leurs boucliers comme ils le faisaient toujours, tandis que les archers s'approchaient pour récupérer leurs flèches - scènes habituelles de fin de combat victorieux. Il ferma les yeux quelques secondes, savourant intensément d'être encore en vie - et l'avertissement ne traversa les brumes de sa fatigue que pour lui donner le temps de les rouvrir et de voir la flèche empennée de noir voler droit vers la zone désormais vulnérable de sa gorge, et se ficher dans son cou dans un bruit écoeurant de chairs mutilées en un éclaboussement de sang obscène. La douleur ne dura pas, sa vision s'obscurcit tandis que le monde entreprenait de tourner autour de lui quand ses jambes le lâchèrent…

Quand il reprit connaissance, son premier réflexe, avant même d'ouvrir les yeux, fut de lever son bras gauche, en un acte désespéré pour se protéger de ce trait mortel - mais rien ne se passa. Tandis que les brumes de l'inconscience se dissipaient, il commença à percevoir les sons qui l'entouraient - murmures de voix inconnues, cliquetis de machines, et grondements sourds répétés ressemblant au bruit du tonnerre. Le sol tremblait, comme si une légion à cheval passait juste à côté de lui. Une odeur forte lui parvint ensuite - qu'il ne put identifier. Un mélange de fumée et d'autre chose. Il ouvrit machinalement la bouche, laissant ses papilles s'imprégner de ces vapeurs, testant ce goût inconnu.
La vue fut le dernier de ses sens à lui revenir - mais il ne s'en réjouit aucunement. Quel était donc ce lieu??? Tout ce qu'il voyait lui était inconnu - des fils couraient partout, des lumières clignotaient, des créatures aux longues oreilles pointues s'affairaient sur des machines incongrues de complexité, d'autres encore, au corps imposant et musculeux, semblaient errer, hagards, perdus, dans cette étrange laboratoire.

Son attention fut attirée par l'une de ces créatures, qui tentait désespérément d'attirer son attention. Sa bouche formait des mots qu'il ne comprenait pas - mais peu à peu, comme si un ajustement s'effectuait, ces paroles prirent un sens. Le compagnon de cette personne, qui était alors demeuré courbé sur une table pleine de boutons et de cadrans, se redressa, se retourna vers lui, et dit "C'est fait" avant de se rendre à une autre de ces tables étranges sans un autre regard.

Son premier interlocuteur semblait attendre quelque chose de lui, le regardant patiemment, sourire aux lèvres. Comme les secondes s'écoulaient sans que rien ne se passe, il vit des rides d'inquiétude apparaître, et son sourire disparaître peu à peu. Son regard vit un bref aller-retour vers son compagnon, avant de revenir se poser sur lui, puis il lui demanda s'il allait bien. Devant l'absence de réponse, la déception se dessina sur son visage, et poussant un soupir de résignation, il se détourna alors, inscrivant quelques mots sur un calepin qu'il avait en main.

Il demeura encore de nombreuses minutes parfaitement immobile, tentant de donner un sens à tout ce qu'il voyait et entendait, mais échouait à chaque fois. Le souvenir de la flèche qui l'avait perforé lui revenait sans cesse, obscurcissant toute autre pensée. Il devrait être mort, cela était sa seule certitude - et pourtant, il était là, sentant son coeur battre sous sa poitrine. Etait-ce donc l'Enfer dont les prêtres de tout bord n'avaient cessé de le menacer devant son manque de foi en leurs supercheries? Où étaient donc les flammes et les démons censés le torturer jour et nuit? A moins que ce ne fût leur tout aussi douteux Purgatoire, l'épreuve supposée décider où entre l'Enfer et le Paradis son âme devrait aller pour l'éternité? En tout cas, une chose était certaine - ceci n'était pas le Paradis. Trop bruyant. Trop puant. Trop.. tout.

Finalement, il ne tint plus, et fit quelques pas, dans l'ignorance la plus totale. Avisant une épée et un bouclier posés à côté de lui, il s'en saisit, et ressentit aussitôt ses anciennes sensations le parcourir. Il vit du coin de l'oeil l'être aux longues oreilles revenir vers lui à toute allure, un grand sourire aux lèvres, et s'agenouiller devant lui comme devant un roi, l'appelant "Elu". Il l'entendit sans écouter raconter un conte de fée où il était question d'un monde détruit qu'il allait sauver, mais les mots "rappelé à la vie" éveillèrent son attention. Il voulut se faire répéter l'histoire, mais il s'arrêta aux premiers mots qu'il prononça, tant sa propre voix fluette le surprit. Il dut s'y reprendre à deux fois pour poser sa question, tandis que son interlocuteur recommençait son histoire, semblant tellement désireux de lui plaire.

Il écouta les mots, tentant de les graver dans sa mémoire, mais renonçant à les accepter pour l'instant. La machinerie autour de lui était parvenue à ramener son âme dans un nouveau corps, créé pour héberger le plus puissant des Guerriers ayant jamais existé, et il allait être renvoyé dans le passé afin de combattre la puissance qui avait entrepris l'annihilation de leur monde avant qu'elle ne soit trop puissante. Cependant, il fallait se hâter, car ce dernier Bastion n'ait pas tarder à céder - il devait donc sans tarder rejoindre la machinerie supposée le renvoyer dans ce passé, et traverser pour cela les contrées soumises à l'attaque incessante des hordes d'êtres dominés par le Destructeur.

Il fut amené devant un autre être aux oreilles pointues, à l'apparence fragile, étreignant en ses mains un bâton gravé de runes. Celui-ci lui fut présenté sous le nom de "Kyeme", tandis que lui-même était appelé "Xel". Ils se dévisagèrent mutuellement, tandis que leur compagnon affirmait que leurs âmes étaient liées d'une manière irréversible - ce qui représentait à la fois une force et une faiblesse. Ils ne seraient jamais seuls devant l'adversité - mais ils seraient privés de leurs pouvoirs s'ils restaient séparés trop longtemps. Kyeme semblait l'attendre, comme s'il savait déjà tout cela - ce qui était certainement le cas, car il avait dû être réincarné avant lui et avait eu le temps d'entendre cette histoire auparavant. Ce fut lui qui prit l'initiative de la conversation et des opérations - et il semblait impatient de revoir le soleil du jour.

Mais de jour, il n'y avait point. De lourds nuages enténébrés voilaient le ciel et l'horizon, tandis que des explosions faisaient trembler le sol à leurs pieds, projetant flammes et roches à leurs points d'impact. Kyeme resta pétrifié devant le spectacle, désignant un point à l'horizon que Xel ne pouvait voir au travers de la brume. "Est-ce donc cela la fin du monde?", murmura-t-il, tandis que Xel plissait les yeux pour tenter d'apercevoir ce qui semblait lui faire si peur - en vain.

Ils entreprirent la traversée funeste, pris au milieu des combats incessants. Ses anciens réflexes de combattant étaient toujours aussi rapides, et il fut surpris de voir que la fragilité de son compagnon n'était qu'apparente - ce dernier s'avérait être combattant tout aussi redoutable, et maniait son bâton d'une main de maître.

Mais la réalité le rattrapa soudainement, sous les traits de l'une de ces créatures (des "Bahmis", semble-t-il) aux corps puissants, qui sans raison vint se mette à danser devant eux, affirmant que la danse était le moyen de s'en sortir. La vue de ce corps musclé en train de danser, ce décalage entre l'apparence et la réalité, tout cela le frappa violemment et le déstabilisa complètement. Murmurant quelques paroles d'excuse, il prit la fuite, et alla s'effondrer quelques dizaines de mètres plus loin, tentant désespérément de s'isoler du bruit et de la fureur qui l'entourait, tentant futilement d'oublier tout cela. Il fut rejoint par Kyeme quelques instants plus tard, et sa présence apaisa la folie qui risquait de le déborder à tout instant. Et c'est ici, dans le fracas des combats, qu'ils prirent leur premier repos.

Xel

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Date d'inscription : 26/03/2011

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