[BG] Rianod.

Ancêtre.



Images floues, bribes par bribes, l’œil s’en emplit.

Les vagues roulent et viennent s’échouer sur la grève, une par une.
Ligne grise, perlée d’écume, l’eau éclabousse les roches du rivage. Ligne rose, le soleil se couche, sable et lumière changent.
Celle qui se tient là attend, silencieuse, main gauche posée sur un lourd écu de métal gris. La main droite, gantelet de maille froide, tapote légèrement l’armure. La femme est grande et maigre, son visage clair. Jeune, son expression pourtant la fait paraître plus vieille, curieuse lassitude mêlée de résignation. Yeux couleurs de forêt profonde, traits épurés, une longue et fine cicatrice surplombe son sourcil gauche jusqu’à la naissance des cheveux. Ces derniers, d’un blond approchant le blanc, sont ébouriffés et s’emmêlent au dos jusqu’à la taille. Le reste de son apparence semble négligée, cape râpeuse, armure disparate mais de bonne facture. Des armoiries à demi-effacées ornent le haut de la cuirasse, se répétant discrètement aux poignets, à la ceinture et s’étalent sur le bouclier. Des yeux avisés noteraient un port trahissant le combattant aguerri, sorte d’aisance trompeuse endormant la méfiance.

La femme regarde l’eau, mer bruissant et vivante. Elle aime ces lieux plus que tout, loin des chapelles des priants, loin de l’ombre des hautes pierres, délaissant les rituels d’un ennui poli et maussade. La famille de sa mère vit dans les coutumes des hauts et des aisés. Un père chevalier, homme droit mais d’origine modeste, préfère la guider vers la franchise de la lame et l’adresse du guerrier.

Plus ancien…
Deux enfants grandissent sous les arbres. Une fillette mathosienne et un enfant-Elfe. Rianod Stewir-Noircoeur. Elle court et rit. Lui se veut futur marin, son sourire est lumineux.

Le temps passe. Mariage arrangé puis mort de l’époux. Une fille est venue. Mais Rianod est heureuse, elle est aimée d’un Elfe, et vit auprès de lui.

Le ciel devient sombre, le vent apporte l’odeur de brûlé. On entend le fracas des armes. Tout s’obscurcit.

Rianod Asturahn ouvre les yeux. Ses traits sont semblables à l’Autre.

L’ancêtre encore une fois.

Elle cherche un instant son bouclier puis se souvient que ce n’est pas sa voie. Auprès d’elle un arc amoureusement décoré de volutes et à ses pieds dort un loup. L’ombre des arbres bouge doucement, dessinant sur le sol des motifs mouvants. Le crissement des feuilles rappelle le chant de la mer…


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