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Message  Shindael Ven 23 Sep - 15:44

Dans une salle des tréfonds de Méridian, le cœur d’un soldat s'agitait. Lui qui ne s'était jamais senti vivant depuis sa renaissance avait oublié depuis des lunes cette main palpitante qui serre parfois la poitrine d’un homme.
Dans la lueur glacée de la jungle mécanique qui l’entourait, dans l’ombre terne des caissons bouillonnant qu’il contemplait, cet homme attendait depuis une heure, ou peut être l’éternité. Comme un prêtre en transe marmonne sans cesse un mantra entêtant, il se répétait toutes ces qualités qui faisaient de lui un être d’exception. Comme il avait besoin de renforcer ces murailles par ces invincibles parures !
Oh, certes sa naissance lui avait confié des atouts remarquables. Nul doute qu’il tenait son intelligence de son père, un homme soumis, discret, mais aux yeux si profonds qu’une des grandes prêtresses de kélari avait choisi de s’y noyer. Un corps semblable à une de ces statues dont seuls les temples étaient dignes. Du meilleur métal, celui du sein maternel, il avait été façonné à l’image de ses ancêtres : un corps à la musculature fine, des traits acérés comme une lame, et cette indicible prestance que tous perçoivent et que seuls les grands peuvent mesurer. Oui, sa naissance l’avait comblé de talents, mais il savait que c’était seul qu’il avait forgé son destin. Seul il avait manœuvré pour s’assurer la succession, seul il avait pris le contrôle des branches inférieures de son clan, seul il plongeait dans les arcanes brumeuses de l’art eldritch. Seul il avait croisé le regard de Sélène.
Au cœur de l’antre de Sylver, ce soldat, ce tueur se perdait. Il revoyait encore cet océan de soie bleutée encadrer ce visage pâle. Sur le passage de la première héritière du clan des Morgoan tous baissaient la tête, lui ne pouvait la quitter des yeux. Combien de tentatives pour la séduire ? combien de baisers volés ? combien de nuits secrètes et farouches avant cette nuit sans lune où elle lui avait annoncé…

- Gardien, nous allons procéder à l’ouverture du caisson.

Shindaal adressa un signe de tête presque invisible au chercheur et s’assura qu’il offrait toujours à la vue de tous sa mine indéchiffrable et supérieure.
Les gonds grincèrent, son cœur se serra, des vapeurs s’échappèrent, il étouffa un soupir.

- Couvrez le, portez le dans une litière sommaire et chargez le dans la charrette qui attend dehors. De grâce, soyez discrets et passez des oripeaux de fossoyeurs.

Sans un regard pour le convoi funéraire, le kélari dissimula son visage sous une capuche blanche et se changea en moine eth.



Dans son refuge, dans sa prison un maître des Invisibles était à genoux devant son futur agent. Le corps fin paraissait fragile comme du verre et la couverture chamarrée le couvrait tel un suaire. En voyant sa pâleur on l’eut dit mort si sa poitrine ne se soulevait pas, aussi lente et régulière qu’une marée timide. Dans l’obscurité de son bureau et après avoir congédié ses gardes dissimulés dans ses murs, le Gardien de l’Estoc d’Anthousa chantait. Jamais il n’apparut plus vulnérable, jamais personne ne le sut. Comme pour écouter ses incantations musicales que seuls esprits et kélaris comprennent, le vent s’était tu et le feu ne crépitait plus.



Dans la clarté voilée d’une aube marine, un homme laissa un sourire gagner son visage. Le jeune adolescent qu’il avait veillé toute la nuit venait d’ouvrir les yeux. Comme autrefois les pleureuses accompagnaient les morts, il avait accompagné la vie. Sans autre foi que celle de son pouvoir, il avait prié, à genoux et courbé, durant une pleine nuit. Ces yeux, aussi noirs que les siens, franchirent chacune des herses, chacune des enceintes qui isolaient son cœur depuis longtemps. Ses articulations meurtries par l’immobilité lui parurent alors aussi légère qu’un rire. Autour de ce lit de repos luxueux, le temps s’était arrêté et il n’existait plus de souffrance ni de peur.

- Bonjour Anor, fils de Daal et héritier du clan Morgoan et du clan Shinrâ.



Dans une alcôve taillée dans la pierre, sous un vitrail ouvert, un père s’enivrait de l’air iodé de la brise et de la chaleur naissante du corps de son fils. Lové dans des bras forts et rassurants, ce jeune kélari qui n’était plus enfant et pas encore adulte, prenait conscience de sa renaissance.
Shindael
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Date d'inscription : 22/01/2011

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